Salle 17 à 14h
Roman ou... sur une femme exceptionnelle
Face à la mer, ce film sorti en 2024 raconte l’histoire de Trudy Ederle au destin assez exceptionnel. Cette américaine surmontant préjugés et handicap, avec le soutien moral de sa mère et de sa sœur devint une grande nageuse. Elle remporta sa première victoire à 13 ans, fut triple médaillé aux jeux olympiques de 1924 et traversa la Manche réalisant ainsi malgré les critiques masculines, un record.
Elle incita les femmes à pratiquer ce sport et donna pendant 40 ans des cours à des enfants sourds.
Dans Le journal d’un amour perdu, Eric Emmanuel Schmitt narre la vie de sa mère : cette femme lumineuse qui l’a initié aux arts et au culte de la vie. Ne pas se consoler de son décès serait la trahir. Un bel hommage.
Le roman Sophie Trébuchet de Geneviève Dormann, journaliste et femme de lettres évoque le destin de cette femme anticléricale et royaliste qui épousa un capitaine : Léopold Hugo dont elle eut 3 fils dont Victor Hugo.
Sa vie fut passionnante, déménageant souvent et tombant amoureuse du général de la Hourie proscrit par Napoléon, elle complota avec lui contre le régime. Esprit libre, elle n’obéit pas aux rites sociaux encourageant ses enfants à lire, écrire !
La Goulue de Maryline Martin. Louise était d’une grande beauté, femme libre, elle devint la reine du French Cancan au moulin rouge et s’imposa dans le milieu mondain avant de tomber en disgrâce et devenir dompteuse de fauves. Elle est immortalisée par Toulouse -Lautrec.
Jane Austen a écrit un roman épistolaire : Lady Susan, jeune veuve fort jolie qui cherche un riche époux pour sa fille de 16 ans dont la jeunesse commence à lui faire ombrage. Elle envisage elle-même de se remarier tout en vivant sa vie de séductrice et de manipulatrice.
Nous avons découvert avec Les mémoires d’une geisha de Yuki Inoue, l’histoire vraie d’une fillette vendue petite et qui devra tout rembourser de son éducation artistique ( forcée) de « dame de compagnie » (appellation actuelle). Elle gravit tous les échelons, s’enfuit et ouvre à son tour une maison de geishas. On découvre aussi dans ce livre, la société d’une ville japonaise au cours des deux dernières guerres.
Tant que le café est encore chaud de Tohikazu Kawaguchi nous emmène dans un fiction étrange.. Dans un café, assis à une certaine table, on peut voyager dans le temps. Quatre femmes vont faire cet émouvant voyage.
La papeterie Tsubaki de Ogawa Itô. Hatoko a hérité d’une petite papeterie et de la charge d’écrivain public, le lieu devient bientôt un lieu de partage et de réconciliations.
Du même auteur « le restaurant de l’amour retrouvé » une jeune femme durement éprouvée par la vie devient mutique. Elle va retrouver sa joie de vivre dans le soin, l’amour qu’elle met à cuisiner pour autrui. Élaborer un repas devient, et dans le choix des ingrédients et dans la réalisation des plats un véritable rite qui demande amour et renoncement de soi.
Le grondement de la montagne de Yasincha Kawabata. Le héros « vieillard » de 61 ans raconte ses méditations. Il peut ainsi évoquer un passé parsemé d’échecs et la beauté d’un cerisier en fleurs. Ceci dans un style qui rappelle les peintures de son pays, tout en finesse et subtilité.
Une jeune femme à la recherche de son passé oublié dans le livre de La maison où je suis mort autrefois de Keigo Higashino. Une jeune femme vit un tel mal être qu’elle maltraite sa petite fille et tente de se suicider. Elle trouve des explications dans le sous-sol mystérieux d’une maison dont son père lui lègue la clé.
Semi de Aki Shimazaki évoque une couple âgé, mariage arrangé, frappé par la maladie. Etonnamment le couple trouve l’amour dans le pardon et l’acceptation de l’autre et de ses propres erreurs
Enfin une marathonienne nous livre ses impressions sur le Japon, lors d’un voyage
Ce qu’on peut remarquer c’est qu’avec une grande économie de mots, une concision suggestive cette littérature est riche de symboles, de vérités essentielles optimistes. Les émotions et sentiments sont évoquées avec une grande sensibilité et une vraie communion existe entre la nature et les hommes.
La revue de nos lectures commence gaiement grâce au Dictionnaire des idées reçues de Flaubert, illustré avec brio par Chaval ; riions de nous- mêmes et de nos erreurs ou faiblesses. Je cite « Achille, ajoutez aux pieds légers cela donne à penser qu’on a lu Homère »
Mamie Luger de Benoît PHILIPPON évoque avec humour une centenaire serial killer et dénonce avec habileté les violences faites aux femmes pendant ce XXème siècle, le racisme évoqué et les deux guerres mondiales.
Le téléphérique de Sylvain TESSON présente une série de nouvelles ; l’une d’elle évoque les craintes de deux frères à l’approche de Noël et de ses fêtes dites joyeuses et le stratagème utilisé pour les fuir.
L’ombre du chardon d’Aki CHIMAZAKI découvrons avec cette Québécoise née au Japon cette pentalogie : suite de 5 livres, qui raconte avec poésie, l’histoire d’une libraire vivant avec sa mère et son fils sourd. Le vendredi soir, elle se transforme en une séduisante entraîneuse. Chaque volume met en relief un personnage qui revient comme protagoniste dans un autre tome et nous fait découvrir la société japonaise.
Le train des enfants de Viola ARDONE. Des enfants sont envoyés en Italie du nord « en vacances » dans des familles d’accueil, on découvre à travers l’un d’eux les problèmes posés par ce voyage et le retour à Naples dans une famille pauvre.
"Voici des fleurs, des feuilles et des branches " Nombreux sont les livres qui évoquent la nature et les rapports que nous entretenons avec elle.
Partons sur « les chemins noirs » avec Sylvain Tesson et son récit autobiographique. Suite à une chute grave et après une rééducation longue et douloureuse, l'auteur décide, pour retrouver ses forces motrices, d'entreprendre un périple : traverser la France à pied dans la diagonale sud/est, Nord/ouest. Il n'emprunte que les petits chemins noirs qui lui permettent d'être dans la nature et d'admirer les forêts traversées.
Christian Signol nous amène « Au cœur des forêts ».
Depuis son enfance, Bastien a toujours vécu dans la forêt. Pour lui, les arbres vivent, parlent, rêvent. Ils veulent renouer avec le ciel. Bastien en connaît tous les mystères, tous les sortilèges qu'il révélera à sa petite fille malade. Pour Bastien, elle est une forêt fracassée par l'orage, il ne doute pas de sa guérison.
Découvrons grâce à Peter WOHLLEBEN: «La vie secrète des arbres»
L'auteur nous apprend comment s'organise la société des arbres. Données surprenantes. Les arbres sont connectés entre eux. C'est l'internet de la forêt. Ils se parlent, souffrent, partagent ( surtout avec les champignons). Ils sont lents. Pour eux 100 ans; ce n'est rien malheureusement les hommes ne sont pas patients et les abattent avant maturité.
Grâce à son houppier haut perché qui bénéficie d'un ensoleillement direct, l’arbre va décupler sa capacité de photosynthèse, d'où son énergie et sa production de sucre.
Autre auxiliaire des arbres, les pics, (le pic noir, le pic vert et le pic épeiche "reconnaissable à la tache rouge sur l'abdomen" ) leur rendent de précieux services en les débarrassant des scolytes (petits coléoptères) qui les attaquent, l’ épeiche arrive à tire-d'aile, martèle l'écorce à coups de bec à la recherche des larves blanches dont il est friand. S'il débarrasse les arbres de leurs parasites, il n'hésite pas non plus à creuser des cavités dans le bois pour héberger ses petits. Un livre, riche en descriptions et enseignements sur les arbres et la forêt. Quantité d'espèces et de phénomènes s'agitent sous nos pieds et dans les airs et. Il nous reste encore beaucoup à découvrir.
Voici " Orchidéiste" 1er roman de Vidya Narine qui a travaillé dans l'industrie de la mode avant de se consacrer à l'écriture.
Le livre mélange l'histoire fascinante de l'orchidée tropicale et les souvenirs intimes de Sylvain, orchidéiste qui succède au spécialiste qui l'a formé pendant 5 années . Dans sa petite boutique parisienne, il taille, nourrit et fait pousser des orchidées aux couleurs et formes variées. Pour lui, l'orchidée représente l'espoir de réparer ses "racines cassées".
Il a des clients exigeants qui achètent "ce qu'il y a de plus cher" pour affirmer leur statut social. Sylvain, face à la concurrence des fermes géantes du Guatemala, se demande s'il doit continuer ce travail épuisant..Il aimerait que son employé prenne sa succession mais celui-ci refuse et le quitte…
Dans un roman de Romain Puertolas : « La police des fleurs des arbres et des forêts ». Un officier de police enquête dans un petit village sur la mort de Joël 16 ans...la piste est une fleur recherchée par tous ...
Jean Giono et « Les grands chemins » évoque l’histoire d’un chemineau qui vit de petits boulots, l’homme parle dans son monologue de ses rencontres mais surtout de ce qu’il voit au cours de ses pérégrinations et sa description est aussi auditive, olfactive. Une belle évocation de la Provence.
"La vie dans les bois " de Jennifer Murzeau l’héroïne fuit la ville pour retrouver une vie en phase avec la nature. Elle trouve un coach survivaliste et se lance dans une aventure héroïque dans un presque complet dénuement. Elle va même affronter seule dans les Pyrénées les périls de la montagne et de la solitude.
Olivier Bal écrit «La forêt des disparus ». « Les arbres nous défient par leur démesure ... leur feuillage s’étend à perte de vue... la forêt essaie de reconquérir le territoire jusqu’à la côte, une forêt redoutée avec ses sequoias géants ». Elle a tout dévoré , elle offre des zones marécageuses et inextricables, des canyons, des grottes, y cheminer « y est long et pénible » à cause des ronces, des filets d’eau, de la boue, des troncs tombés, des racines, ses fosses, elle abrite des gens bizarres»
On est loin d’une nature bienveillante ou impassible, elle se révèle menaçante, exigeant son tribut de victimes
Un roman d’action et il s’avère que c’est l’homme qui souille la nature en projetant sur elle ses pires craintes.
La nature est présente dans ces livres sous toutes ses formes : fleur modeste ou immense forêt, elle accompagne, guérit l’homme et parfois nous livre certains de ses mystères.
"LES CHATS DU HASARD" Annie DUPEREY
La comédienne, également romancière, évoque dans son livre, les liens qu'elle a crée avec ces petits félins. Ils lui ont, tout d'abord permis de retrouver tout un pan de sa vie, effacée par la mort tragique de ses parents, lors de ses 8 ans. Ils l'ont aidée, par une présence silencieuse ; un amour discret et inconditionnel, à écrire voire à mieux vivre. Elle a appris à décoder leur miaulement, leur regard, leur comportement. Ils l'ont apaisée, aidée, recherchant sa compagnie ou son aide.
Au travers de cette étude pleine de sensibilité et de finesse sur les chats, la comédienne évoque sa vie et ses pensées.
"LE LION" Joseph KESSEL
Roman captivant écrit par Joseph Kessel en 1958.
Histoire d'une amitié exceptionnelle entre une petite fille nommée Patricia et un lion appelé King recueilli alors qu'il était lionceau et rendu à la vie sauvage à l'âge adulte dans un parc royal du Kilidmandjaro au Kenya.
Ce roman explore la complexité des relations humaines, la nature sauvage et la frontière fragile entre l'homme et l'animal. Une histoire fascinante où l'amitié entre une fillette et un lion devient le fil conducteur d'un drame inoubliable.
Nous avons lu
Le sixième jour
Dans une Égypte (1948 ) victime du choléra, une femme essaie désespérément, de sauver son petit fils atteint par la terrible maladie. « Il guérira le 6ème jour » lui a dit l’homme de science : le maître d’école et elle trouve dans cette prédiction un espoir insensé qui lui donne une force inouïe pour essayer de soustraire l’enfant au mal.
Le mal c’est aussi les autres : les soignants qui condamnent les malades à l’hôpital où s ‘ entassent morts et agonisants ; les délateurs comme le montreur de singe, agnostique ; tous ceux qui essaient de tirer du fléau un profit et même les ignorants et indifférents.
La vieille femme développe des trésors d’ingéniosité pour cacher son petit fils et l’amener à la mer rédemptrice où le 6ème jour il « ressuscitera ». Elle y croit contre toute évidence, elle a besoin d’y croire comme nous tous qui avons besoin de croire en un avenir meilleur pour poursuivre notre chemin.. C’est cette croyance qui nous permet de vivre, de survivre, d’avancer, de lutter contre le mal sous toutes ses formes. Finalement on peut se demander si c’est la victoire qui importe ou le combat. Il n’y a pas de véritable victoire. L’enfant meurt. Mais même le montreur de singes, dépouillé de son déguisement rutilant et qui a découvert l'attachement à un être, en l’occurrence son singe, se montrera humain et compatissant devant le courage opiniâtre de la vieille femme. Pour ce combat nous avons besoin des autres : des empathiques, des généreux, des compréhensifs et l’enfant mort survivra dans l’esprit et l’âme de ceux qui l’ont côtoyé et là est la vraie victoire de l’ homme, elle est dans son combat et son humanité.
Et l’Égypte évoquée avec infiniment de sensibilité et de tendresse, l’ Egypte pauvre et riche d’un fleuve vivifiant et d’un soleil magnifiant sert de cadre poétique à cette édifiante histoire.
Compte rendu de Micheline B